“J’ai échangé les outils du père par des brosses, de la térébenthine et des tubes à l’huile. J’ai troqué des chiffons pleins de graisse et de cambouis par d’autres, emplis de couleurs. Je porte en mon âme son bleu de travail et j’entends, venu de nulle part le brouhaha des moteurs de mon enfance…”
Esteban Martorell
Du pays de ses ancêtres, l’Espagne, Esteban Martorell a hérité de la fougue, de la passion, des couleurs et du mouvement. Issu d’un milieu modeste et cadet de trois enfants, il découvre très tôt, dès l’âge de neuf ans, le plaisir du dessin. L'adolescent commence à peindre dans le plus grand secret.
Après un parcours musical, Esteban Martorell suit durant trois années les cours du Conservatoire National d’Art Dramatique en Avignon. Cependant, il doit brusquement rompre avec le théâtre après avoir perdu la voix. Cette épreuve marque le début d’une période difficile, lui laissant des difficultés d’élocution et le conduisant à s'exprimer à travers la peinture, son langage naturel le trahissant.
Esteban fréquente alors l’atelier du peintre Hébrard, puis entre à l’École des Beaux-Arts de Nîmes, où il suit les cours de dessin d’observation de Véronique Fabre. Par la suite, il côtoie le peintre Claude Yvel, et s’instruit aux techniques anciennes de la peinture à l’huile, couvrant les périodes du XVIe au XVIIIe siècle.
Le décès de son frère en 2019 le bouleverse profondément. Cet événement marque un tournant dans son art, se traduisant par une peinture plus profonde, plus lumineuse, et empreinte d'une grande sensibilité. L'artiste trouve refuge dans son atelier, où il explore de nouvelles dimensions artistiques et perfectionne sa technique.
Aujourd'hui, Esteban Martorell expose régulièrement ses œuvres, partageant avec le public sa vision du monde et sa passion pour la peinture. Ses œuvres, empreintes d'émotion, invitent le spectateur à un voyage introspectif et à une réflexion sur le monde qui nous entoure.
Ma rencontre avec le peintre Claude Yvel a été un élément décisif et déterminant dans l’évolution de ma peinture. En août 2016, avec d’autres élèves, nous avons eu la chance de le côtoyer, de suivre l’un de ses derniers stages – au conservatoire des ocres et pigments appliqués à Roussillon et bénéficier d’un savoir-faire rare et exceptionnel.
Aux XVIe et XVIIe siècles, la technique dans l’art en occident fut portée à un haut degré de perfection. La formation du jeune peintre avait lieu dans l’atelier d’un Maître, lequel, avant de le laisser peindre, lui faisait broyer les couleurs, imprimer les toiles, cuire l’huile et garnir les palettes. Ainsi, était-il mis au fait des secrets du métier.
Par l’étude rigoureuse des traités anciens durant plus d’un demi-siècle, en tenant compte des analyses scientifiques faites par les laboratoires des musées sur les œuvres des Maîtres, et par la mise en pratique des résultats de cette recherche dans sa peinture, Claude Yvel, au travers de ses stages nous a transmis l’essentiel d’un savoir perdu qu’il a su retrouver.
Claude ne s’imagine pas à quel point je lui suis infiniment reconnaissant ! pour son instruction et le partage de ce savoir.
Sans la mise en application et un travail assidu de notre part, tout cet apprentissage ne servira à rien. Il s’agit de garder une constance, une rigueur et se porter au service de la peinture - et non l’inverse ! afin que celle-ci continue à vibrer…
Se lier d'amitié avec un prêtre - profondément humaniste. Concevoir la bénédiction d'une toile - s'inscrire dans son époque, faire et laisser trace - un trait d'union entre le passé et le sacré...
J’adore tout le travail de préparation, l’artisan appliqué qui laisse la place à l’artiste, la différence c’est que l’artisan c’est quoi faire alors que l’artiste affronte la toile vierge et se confronte au vide. Bravo mon ami
Jean-Pierre Willems
Dans les tableaux d’Esteban Irradie l’âme de la Camargue. Il sait saisir la lumière, le mouvement, l’esprit des lieux. Sa peinture nous restitue cette indéfinissable atmosphère si particulière qui fait du delta enchâssé dans les bras du Rhône un territoire magique. Esteban Martorell possède ainsi le vrai regard celui qui sait transfigurer l’évidence des choses pour peindre des tableaux inoubliables. Je ne me lasse jamais de contempler ceux que j’ai la chance et le privilège de posséder.
Sylvie Brunel, géographe, économiste et écrivaine
L’art est ce que l’être humain sait faire de mieux. Il permet à chacun de vivre ses rêves.
Philippe Tailleur